Découvrez l’interview de Coralie et Maxime, agriculteurs à Saint-Vincent-sur-Graon, propriétaires de la Plume au Vent.
Ils partagent leur vision de l’agriculture et leur amour pour le terroir. Une belle immersion dans le savoir-faire local !
Interview réalisé par Fabienne Moisan, pour le magazine Envolées 2024 en Vendée Grand Littoral
Photographe : Edouard Nicoleau
« Rien ne se perd, tout se transforme”. Coralie et Maxime se sont emparés avec détermination de cette maxime du chimiste Lavoisier pour mener à bien leur projet de ferme d’élevage, La Plume au Vent, illustration spectaculaire d’un circuit-court emprunt de bon sens et de modernité. Visite par le menu d’une exploitation hors norme avec deux paysans pédagogues, en mission pour le bien manger.

En pénétrant dans votre exploitation, on se surprend à redécouvrir l’élevage d’autrefois, mais dans des espaces ultra-modernes. Quelle est la genèse de ce projet innovant ?
Maxime Guérineau : Après s’être rencontrés et formés à l’Ecole Supérieure d’Agriculture d’Angers, Coralie et moi avons tous deux sillonné les exploitations, Coralie comme conseillère à la coopérative Terrena et moi au commerce de matériels agricoles. Au moment de reprendre la ferme familiale de Saint-Vincent-sur-Graon, sortir du schéma conventionnel nous est apparu comme une évidence. Et maîtriser l’ensemble de la chaîne, une démarche naturelle pour aller jusqu’au bout du modèle de la vente directe.
Coralie Guérineau : Nous avons mis en place un élevage diversifié. En conservant les charolaises de mon beau-père et en accueillant de nouveaux cheptels : porcs charcutiers, moutons et volailles, en partenariat avec les Éleveurs de Challans. Tout ce petit monde se côtoie dans le respect du bien-être animal et sur les 130 hectares de la ferme dont 110 sont occupés par des cultures céréalières qui l’alimente au quotidien.
Il en faut de l’énergie pour surmonter les nombreuses embûches semées sur la route d’une agriculture différente. Qu’est ce qui motive votre couple ?
Maxime Guérineau : Le choix que nous avons fait ensemble pour notre vie de famille et apporter notre contribution à une nouvelle vision de l’alimentation et la consommation de la viande, dans un respect de l’animal et du bien-être de son consommateur. La clé, c’est un petit nombre de bêtes, traitées avec soin.
Coralie Guérineau : Nos clients forment une vraie communauté, des personnes qui s’intéressent à ce que l’on fait, toujours partantes pour une visite des stabulations ou une soirée “du champ à l’assiette”, des événements que l’on propose régulièrement pour reconnecter les gens aux réalités de l’agriculture.
Maxime Guérineau : Et gagner la bataille du temps ! Car il faut du temps pour produire du veau de lait ou de l’agneau élevé sous la mère. Chez nous, la vente se tient uniquement la 1ère semaine de chaque mois et nos clients s’adaptent au rythme réel de la vie des champs.
Arrêt sur image
« Le port de Jard-sur-Mer. Terriens de cœur, nous n’en sommes pas moins fervents du bord de mer et de ce port au charme particulier avec son moulin sur les hauteurs et son ambiance familiale.


Un cercle vertueux qui vous pousse aussi à de nombreuses explorations. Production de farines, d’huiles “maison”, de cocottes gourmandes et même de pâtes, quel est le secret d’une telle énergie créatrice ?
Maxime Guérineau : La curiosité et l’ambition de respecter notre devise “rien ne se perd, tout se transforme”. Prenez les farines, elles constituent bien sûr la base de l’alimentation saine de notre bétail. Blé tendre, dur, colza et tournesol sont aussi des sources de bienfaits pour les humains. On a fait notre “veille” et trouvé des solutions. Un moulin avec meule de pierre acquis auprès d’un paysan-boulanger de Bourg-en-Bresse et nous voilà devenus producteur de farines. Un pressoir à froid, et nous lançons une petite gamme d’huiles de colza et de tournesol très appréciées de nos clients. Comme je le dis souvent, il faut lutter contre les aliments qui sont pauvres en éléments riches et riches en éléments pauvres !
Coralie Guérineau : Nourrissantes et digestes, les pâtes semi-complètes, “à la drôle de couleur” comme disent les enfants, remportent un vrai succès auprès des cantines et des Ehpads locaux qui font le choix du circuit-court. De nouveaux débouchés pour nos produits qui séduisent déjà plus de 400 familles au quotidien.
Votre Plume au Vent souffle une nouvelle ère sur le monde agricole. Vous sentez-vous soutenus ?
Maxime Guérineau : Absolument. Les investissements pour les laboratoires de transformation et de stockage flambant neufs ont été cautionnés par les fonds européens FEADER (Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural). Nous sommes aussi partie-prenante du projet alimentaire territorial animé par Vendée Grand Littoral, qui rapproche l’ensemble des acteurs de la filière. Et notre plus belle récompense, ce sont nos fidèles clients qui ont décidé de faire évoluer leur consommation alimentaire et nous font confiance.
Coralie Guérineau : De la mi-juin à la mi-septembre, nous programmons régulièrement des visites. L’occasion aussi de faire remonter des souvenirs nostalgiques. Car nous sommes nombreux à avoir eu des ancêtres paysans !

Article créé le 15/11/2024.